dimanche 17 juin 2012

"Kick Out the Jams" par MC5 (1969)


Face A

Ramblin' Rose
Kick Out The Jams
Come Together
Rocket Reducer No. 62 (Rama Lama Fa Fa Fa)

Face B

Boderline
Motor CityIs Burning
I Want You Right Now
Starship






Autant le dire de suite, je me prépare à aborder un gros morceau du rock'n'roll. Que dis-je ? Un véritable monument intemporel, prémisse du Hard Rock et Punk Rock, rien que ça. L'affaire ne s’avère donc pas si simple, je prends des risques en parlant du Kick Out The Jams du Motor City Five.
Qu'est ce que MC5 ? Un groupe composé de cinq membres venant directement de Détroit, dont vous oublierez surement les noms, mais pas la musique. Le Motor City se forme en 1964, d'une amitié entre Fred Smith et Wayne Kramer, tout deux guitaristes. Il leur suffira de recruter le charismique, et bête de scène Rob Tyner, à la coiffure affro extravagante et aux dents bien pourris.
MC5 fait partie de ces groupes qui se sont fait connaitre non pas par leur belles gueules ou passages en radio, mais bien par leur seules prestations scéniques très régulières, dont s'en suit le bouche à l'oreille. Ce détail aura une grande importance dans la suite du chapitre "MC5", car c'est en effet l'énergie et les critiques de leurs prestations qui les encourageront et convaincra leur maison de disque Elektra (The Door/Love/The Stooges) à sortir pour premier album, un album live, et ainsi entrer dans la légende. 

Une telle entrée en matière est peu courante. Le groupe prend des risques, ce qui les conduira à leur perte quelques années plus tard, du au manque de vente emmagasiné par ce Kick Out The Jams. Un comble quand on sait la place qu'il tient aujourd'hui dans la culture rock et américaine. 
Kick Out The Jams, bien que sorti en 1969, regroupe un mix d'enregistrement de deux concerts joués en octobre et novembre 1968. 
Ainsi, à l'instar de ce qu'est Revolution des Beatles en Angleterre, ou des manifestations françaises de mai 68, les MC5 inscrivent leur premier opus dans un contexte rock révolutionnaire et contestataire et à l'écouter, l'impression est tel qu'on se demande si on ne reçoit pas un pavé parisien en pleine gueule. La prestation des MC5 y est pour beaucoup. D'entrée,  Ramblin' Rose, tant impulsif dans son interprétation donne l'effet d'une bombe, et bien plus accentué encore par le discours révolutionnaire énoncé par Rob Tyner, qui précède le titre et fait gage ainsi d'introduction. 

Brothers And Sisters,
Mes frères et sœurs,
I wanna see a sea of hands out there.
Je veux voir une mer de mains là-bas.
Let me see a sea of hands.
Permettez-moi de voir une mer de mains.
I want everbody to kick up some noise.
Je veux que tout le monde fasse un peu de bruit.
I wanna hear some revolution out there, brothers.
Je veux entendre les prémisse d'une révolution là-bas, mes frères.
I wanna hear a little revolution.
Je veux entendre une petite révolution.
Brothers and sisters, the time has come
Mes frères et sœurs, le moment est venu
For each and every one of you to decide
Pour chacun d'entre vous et pour tous de décider 
Whether you are gonna be the problem,
Si vous serez le problème,
Or whether you are gonna be the solution. 
Ou si vous serez la solution.
You must choose, brothers, you must choose.
Vous devez choisir mes frères, vous devez choisir.
It takes five seconds, five seconds of decision.
Il vous faut cinq secondes, cinq secondes de décision.
Five seconds to realize that it's time to move.
Cinq secondes pour réaliser qu'il est le temps de la faire bouger -la révolution-.
It's time to get down with it.
Qu'il est temps de descendre avec elle.
Brothers, it's time to testify and I want to know,
Mes frères, il est temps de témoigner et je veux savoir,
Are you ready to testify ?
Êtes vous prêt à témoigner ?
Are you ready ?
Êtes vous prêt ?
I GIVE YOU A TESTIMONIAL, THE MOTOR CITY FIVE !
JE VOUS DONNES L'OCCASION DE TEMOIGNER, THE MC5 !



Avec son "Brother and Sister..." Rob Tyner est à l'image d'un prophète, et son discours à l'image d'une messe. Il prend son public, et en même temps son auditeur entre ses paroles, et l’emmène à son insu dans une petite révolution de 40 min. 
Mais c'est véritablement avec le titre suivant que la révolution bat son plein. 

"Now... Now... Now... It's time to... KICK OUT THE JAMS MOTHERFUCKERS !"



Ces deux premiers titres résument à eux seuls ce qu'est Kick Out The Jams, la révolution est engagée, et ne perdra rien de son souffle et de son énergie avant la dernière seconde du dernier morceau du live, Starship. Rien qu'à l'écoute, MC5 nous laisse une grande bouffé d'air avant ce mythique Kick Out the Jams Motherfuckers, pour ne nous laisser aucun répit jusqu'à l’achèvement de leur œuvre. 

Si seulement Kick Out the Jams n'était qu'une prestation live titanesque débordant d'énergie et de volonté... Mais nos gars de Détroit ne s'arrête pas là. Il feront de leur prestation, les avants d'un genre tout nouveau se développant en ce moment même en Angleterre, le Hard Rock avec entre autres, Deep Purple, Black Sabbath et Led Zeppelin. Un genre à l'image même du très lourd I Want You Right Now.
Plus tard, on associera également MC5 à un groupe avant-gardiste, à l'instar d'Iggy Pop and The Stooges car précurseur d'un genre émergent dans la fin des années 70' soit 10 ans plus tard, le Punk Rock. On entendra souvent en Angleterre que ce sont les british qui sont à l'origine du Rock, Hard Rock et Punk Rock. Mais ceci est dit en oubliant qu'avant les Beatles et les Stones, il y'a eu Elvis et Chuck Berry ; qu'avant Deep Purple et Led Zeppelin il y'a eu MC5 ; et qu'avant les Sex Pistols ou les Clash, il y'a eu les Stooges et les Ramones.      

Pour résumé,
Kick Out The Jams est l'emblème même d'un mouvement révolutionnaire ou plutôt contestataire d'un souffle international. Bien que descendu par les critiques de l'époque, notamment par le magazine Rolling Stones qui le qualifia de "ridicule, ennuyeux et prétentieux", il est aujourd'hui un élément pur de rock'n'roll, un album de référence. Un Must Have. Même le magazine Rolling Stones retournera sa veste en 2003 en le classant 294e dans "les 500 plus grands albums de tous les temps". 
Kick Out The Jams est ce qu'est et ce que n'est pas Revolution de John Lennon, c'est a dire un album de révolution avec pour seule aspiration, un court mais bon moment de Rock'n'roll. 





samedi 16 juin 2012

"A Storm In Heaven" par Verve (1993)


Star Sail
Slide Away
Already There
Beautiful Mind
The Sun, The Sea
Virtual World
Make It 'Til Monday 
Blue 
Butterfly
See You In The Next One (Have A Good Time)










Mon deuxième post sur The Verve, A Storm In Heaven est le premier album d'une longue quadrilogie. Quadrilogie qui commence en 1993 avec celui-ci, et se termine en 2008 avec Forth, dernier album en date des Verve.
Sans vouloir tout généraliser, le premier album d'un groupe respecte souvent différentes logiques, que l'on remarque notamment par le manque d'expérience professionnelle des membres. Mais cela n’empêche pas au résultat d'être bon, parfois même excellant. A priori ce n'est pas le cas des membres de "Verve", rebaptisé "The Verve". En effet, à première écoute, A Storm In Heaven parait être l'objet d'un groupe de musiciens confirmés autant dans la composition que dans l'interprétation de leurs chansons. Tout le long de l'album, l'instrumentation et le chant d'Ashcroft sont parfaitement maitrisés, donnant un résultat global des plus aboutit.
Le professionnalisme que l'on peut traduire de génie musical n'est pas le seul point fort de l'album. A Storm In Heaven s'inscrit dans un style musical bien particulier, que seul les Verve parvienne à obtenir par leurs arrangements. Entre Rock Alternatif, Britpop et Psychédélisme, l'album dégage une atmosphère planante qui fait et fera la signature de The Verve. 

Ce premier opus s'écoute d'une seule traite, il est homogène dans son ensemble. Deux ou trois titres parvienne véritablement à marquer la coupure. Tout d'abord, les deux singles de l'album respectivement Slide Away et Blue. Puis Butterfly, qui est l'ovni de l'album à mon humble avis. Guitare grave à l'entrée accompagné du bottleneck de Nick McCabe, pouvant rappeler un blues rock americain suddiste à l'instar d'un Fade In/Out d'Oasis, couvrant le chant d'Ashcroft, et introduction pour le moins originale d'un saxophone étant donnée du contexte musical, sans rappeler un certain Can't You Hear Me Knocking des Rolling Stones. Et ce qui est étonnant au final, c'est cette faculté chez les Verves à puiser dans divers registres tout en conservant cette ambiance planante si unique,  reflet du talent des musiciens, et énonciatrice de la marque "The Verve".

En conclusion, 
A Storm In Heaven est à l'image de ce qu'est The Verve. Un groupe au style musical mystique, relevant d'un professionnalisme incontestable. L'album est un véritable ovni, à ce demander s'il est en avance, en retard, ou hors du temps. Ce qui est certain, c'est que qu'il a la faculté de nous transporter dans un univers propre au Verve, et ceci dès le premier titre Star Sail.
J'ai eu particulièrement de mal à trouver l'album sur le marché, mais j'ai maintenant compris pourquoi... il n'y a pas de catégorie "Berceuse" dans les rayons musicaux de la Fnac.